Invités de la matinale de France Inter ce mercredi, Jerome Fourquet, de l’IFOP et Adelaïde Zulfikarpasic, directrice générale de BVA France, analysent les retours des Français au sujet de la réforme des retraites.

A la veille de la première mobilisation intersyndicale depuis 10 ans s’opposant à la réforme des retraites, les deux spécialistes invités de France Inter analysent l’ampleur que peut prendre cette mobilisation et donnent les clés pour qu’elles aboutissent. « 6 Français sur 10 sont contre la réforme des retraites » affirme Adelaïde Zulfikarpasic, des mots complétés par Jérôme Fourquet « on constate une forme de stabilité sur le soutien et la sympathie au mouvement de grève et de protestation. D’après les données de l’IFOP, c’est un Français sur deux qui a de la sympathie pour ce mouvement. »
Jerome Fourquet tient cependant à nuancer ce soutien, expliquant que tous les soutiens à la contestation ne sont pas forcément contre la réforme pour les mêmes raisons, voire, pour certains, sont d’accord avec certaines mesures – « 59% des Français sont favorables à la suppression des régimes spéciaux », affirme le directeur du pôle opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP. En complétant « ceux qui ont des métiers à haute pénibilité sont les plus opposés à la réforme de la retraite ».
Une mobilisation, mais sera-t-elle durable, pour être efficace ?
« Tous les voyants sont au rouge pour qu’on ait une mobilisation », la directrice de BVA France est formelle, pour autant, elle n’est pas certaine que cette mobilisation soit efficace « j’ai le sentiment qu’il y a de la colère dans le pays, mais plus que de la colère, il y a de l’inquiétude, de la fatigue et de la lassitude. Je ne sais pas si cette fatigue sera propice à une mobilisation massive dans la durée. » Pour que l’impact de ce mouvement soit fort, les contestations doivent durer dans le temps, sous peine de faire l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. A titre de comparaison, Jérôme Fourquet évoque d’anciens mouvements sociaux, qui ont abouti à l’abandon de réformes « Pour comparer, on est dans les étiages que l’on observait en novembre-décembre 1995, qui sont souvent pris en référence par les syndicalistes. C’est aussi au même niveau de ce que l’on observait au début du mouvement de 2019, sous le précédent quinquennat, quand Emmanuel Macron avait tenté de réformer les retraites. »
L’inflation, la goutte de trop
La réforme des retraites vient s’ajouter à l’inflation qui touche la France depuis la crise du Covid 19 et la guerre en Ukraine. « Il y a des éléments qui laissent à penser que l’on peut aller vers une explosion sociale et un mouvement durable. Outre la réforme des retraites qui suscite une opposition majoritaire chez les Français. Il y a d’autres sujets qui sont inflammables, comme l’inflation. » souligne Adelaïde Zulfikarpasic. Jérôme Fourquet vient appuyer ces propos en ajoutant « seulement 37% des français annoncent pouvoir mettre un peu d’argent de côté à la fin du mois. C’est 10% de moins qu’en 2010, année de la dernière grande crise économique en France ».
Damien Planche