A l’occasion du match de NBA Détroit Pistons - Chicago Bulls à Paris le 19 janvier, une œuvre a été dévoilée sur le mur du gymnase Bourneville, Porte d’Italie. Une fresque qui vient compléter les nombreux projets menés par la mairie de l’arrondissement sur les façades du quartier.

La fresque inaugurée en l’honneur des Pistons de Détroit a été réalisé à la bombe, résistant mieux aux conditions hivernales dans lesquelles elle a été réalisée. Crédit : Damien Planche

Le mercredi 18 janvier, au cœur d’une froide matinée parisienne, le 13ème arrondissement de Paris s’apprête à baptiser d'une nouvelle œuvre les murs de son quartier. Alors que l’Accor Hotel Arena de Bercy accueille ce jeudi 19 janvier une rencontre de NBA opposant les Pistons de Détroit aux Bulls de Chicago, le street-artiste français Kekli a été invité par l’association Hypermur à imaginer une fresque sur les murs du gymnase Bourneville. A 10H15, journalistes, élus et légendes des Pistons sont parés pour inaugurer cette œuvre célébrant la NBA, la franchise des Pistons ainsi que le sport dans sa globalité. Le discours du maire de l’arrondissement est éclipsé par cette fresque, rassemblant tous les éléments nécessaires à un match de basket, un panier, une basket et des ballons, grimés de sourire, la marque de fabrique de l'artiste français. Une fresque dynamique, peinte à la bombe, aux couleurs rouge, blanc et bleu, le tryptique de la franchise de Detroit. 10H40, sous les yeux de Ben Wallace, légende de la NBA et des Pistons, Kekli dévoile la plaque de présentation de la fresque, couverte d’un rideau jusqu’à lors, et la signe, comme pour achever la réalisation de sa fresque. 

« Cette fresque n’est pas le plus gros mur peint du 13ème arrondissement de Paris, mais la valeur symbolique est forte. On travaille avec une équipe et une institution internationale mythique, la NBA, ce qui rend ce projet encore plus spécial », souligne Renaud Cousin, directeur d’Hypermur. Comme nombre de murs peints du quartier, cette œuvre est une commande publique de la Ville de Paris qui, cette fois-ci a été financée par la ligue de basket nord-américaine.  La ville de Paris souhaitait « un projet mêlant art et sport, bénéficiant au plus grand nombre et en cohérence avec les projets de rénovation de playgrounds de basket 3X3 qui font partie de l’héritage des Jeux olympiques. C’est ainsi que l’idée d’une fresque en hommage aux Pistons a émergé » d’après un communiqué de presse de la Mairie de la capitale.

Kekli, parachevant son oeuvre en apposant une dernière signature sur la plaque de présentation de la fresque. Crédit : Damien Planche

Le 13ème arrondissement, un « musée à ciel ouvert »

Le lieu de réalisation de cette fresque n’a pas été choisi par hasard. Ce s’inscrit dans un patrimoine culturel du street art riche dans le 13e arrondissement. Olivier Landes, directeur artistique et commissaire d’exposition spécialisé en art urbain contemporain, définit d’ailleurs ce quartier de Paris comme un « musée à ciel ouvert ». Pour le spécialiste, ce quartier du sud-est parisien s’est progressivement imposé comme le fief du street art dans la capitale dès le début des années 2000 avec « la création de Galerie Itinerrance qui a été le fondement du mouvement de l’art urbain dans le 13ème » explique-t-il - « Cet arrondissement possède par ailleurs une architecture propice à la réalisation de fresques murales,  avec des grands immeubles et de grandes façades alliés à un environnement urbain peu esthétique ce qui  crée un mix magique », poursuit Olivier Landes.

Jérôme Coumet à la tête de la Mairie du 13e depuis 2007, se définissant comme “amoureux de l’art”, “considère que la culture de proximité doit être portée par les mairies d’arrondissement. Nous devons faire en sorte que des personnes n’ayant pas accès à la culture, ou n’osant pas s’y intéresser puissent y accéder facilement et gratuitement. Le street art est un bon vecteur pour cela”, affirme l’élu. “Le Mairie du 13e arrondissement est un personnage spécial pour le mouvement, il est très friand d’art urbain”, confirme Olivier Landes

Le street art, l’identité du 13ème arrondissement 

« Ces fresques sont patrimoniales dans le 13ème, c’est devenu l’ADN de l’arrondissement », confirme Olivier Landes, avant de rappeler que ces gigantesques fresques sont des commandes publiques alors que “ la majorité des œuvres de street art ne sont pas officielles”. Mais c’est en ce point que le 13e arrondissement se démarque, on dénombre une trentaine de fresques murales réalisées sur commande publique dans le quartier. “ Sur le plan de la culture, j’essaie de porter beaucoup d’initiatives, le street art est la plus visible, cela nous a permis de nous identifier.”, affirme Jérôme Coumet. Les plus grands noms du street art ont peint les murs du 13e, notamment Shepard Fairey, plus connu sous le pseudonyme, Obey, qui a peint trois grandes fresques dans le quartier en 2016.

Renaud Cousin sait très bien ce que cela représente de faire du street art dans le 13e arrondissement de Paris “Lorsque l’on réalise des projets comme la fresque ou collège (Hypermur a réalisé des actions d’initiation au street art dans 3 collèges du 13ème avec une exposition à la clé), on connaît la symbolique, on sait qu’on ne fait pas ça n’importe où et que cela va s’inscrire dans une histoire” explique-t-il. Les deux spécialistes s’accordent à dire que le street art est l’identité du quartier, Jérôme Coumet tient à nuancer leurs propos sans les contredire pour autant “On peut se permettre d’avoir plusieurs identités. De manière plus large, j’ai pour objectif de transformer le 13 en le nouveau quartier latin de Paris, donc c’est une construction patiente. La culture fait partie de ce projet, et le street art fait parti la culture.”

La Joconde d’Okada, située 25 avenue d’Ivry, réalisée par l’espagnol Okada San Miguel fait partie des œuvres monumentales que l’on peut retrouver dans le 13e arrondissement. Crédit : Damien Planche